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0.46 %Après l'effondrement du régime d'Assad, l'avenir des bases militaires russes semble plus complexe qu'initialement prévu, alors qu'un jeu géopolitique majeur se déroule en coulisses.
Par Salman Niyazi
Lorsque la nouvelle de la chute de Bachar Al-Assad s'est répandue dans le monde, de nombreux experts se sont empressés de faire une croix sur la présence militaire de la Russie en Syrie. La base aérienne de Khmeimim et l'installation navale de Tartous - les seules installations militaires russes en dehors de l'ex-URSS - semblaient destinées à partager le sort du gouvernement déchu.
Les images satellite montrant des militaires russes emballant à la hâte du matériel à Khmeimim semblaient confirmer ces prédictions.
La chute du régime a pris Moscou au dépourvu, déclenchant un changement rapide de discours dans les médias russes et les réactions officielles.
Le 9 décembre, le journal télévisé du soir de la chaîne russe Channel One a donné le ton : "Si le changement rapide de pouvoir a été une surprise, ce qui est vraiment stupéfiant, c'est la paralysie totale de la volonté dont ont fait preuve les dirigeants et les militaires syriens". Le président Vladimir Poutine lui-même a renforcé ce récit lors de son émission annuelle Direct Line, notant qu'"Alep est tombée aux mains de 350 combattants seulement, tandis que 30 000 soldats du gouvernement et unités pro-iraniennes se sont retirés sans combattre".
En même temps, Poutine s'est empressé de rejeter les suggestions de défaite russe. Il a maintenu que Moscou avait "essentiellement atteint ses objectifs" en Syrie, en empêchant l'établissement d'un "califat islamique" et en empêchant les terroristes de prendre le pouvoir. Il a également insisté sur le fait que les nouveaux dirigeants de Damas ne devaient pas être qualifiés de terroristes, une position diplomatique prudente qui s'avérera cruciale lors des négociations ultérieures.
Le 20 décembre, il est apparu que le colonel général Nikolai Yuryev avait démissionné de son poste de chef du département de contre-espionnage militaire du FSB. Dans une interview accordée en 2018 à l'agence TASS, Nikolai Yuryev avait décrit la mission principale de son unité en Syrie comme étant d'assurer la sécurité des bases des forces aérospatiales russes. Yuryev est parti dans un contexte d'incertitude croissante concernant la présence militaire de la Russie dans la région.
De son côté, le ministre turc de la Défense, Yaşar Güler, ne voit aucun signe d'un retrait complet de la Russie. Selon lui, la Russie est en train de regrouper ses ressources militaires de différentes parties du pays sur deux bases : la base aérienne de Khmeimim à Lattaquié et l'installation navale de Tartous.
Alors que Moscou a évacué une partie du personnel diplomatique et que des diplomates russes ont discuté en privé de la possibilité d'un retrait militaire complet, Assad lui-même aurait fui par Khmeimim avec l'aide des Russes le 8 décembre, après l'effondrement des dernières positions militaires de son régime.
Un tableau complexe se dessine en coulisses. Selon The Economist, d'intenses négociations sont en cours entre la Russie et Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui est devenu une force majeure dans la nouvelle Syrie. De manière surprenante, HTS fait preuve d'une flexibilité remarquable en ce qui concerne le maintien de la présence militaire russe.
« Il n'y a pas de lignes rouges : c'est une question d'intérêts, pas d'idéologie », déclare une source du HTS au fait des négociations. Le groupe n'a pas exclu de maintenir les bases russes et est prêt à honorer le bail de 49 ans du port de Tartous signé par la Russie en 2017.
Cette tournure des événements peut sembler paradoxale, étant donné le soutien de longue date de la Russie à Assad. Toutefois, un examen plus approfondi révèle une logique sous-jacente.
Les nouvelles autorités syriennes sont confrontées à un casse-tête complexe. Elles ont besoin d'une reconnaissance internationale, l'isolement des talibans en Afghanistan servant de mise en garde pour le HTS.
Le maintien des bases russes pourrait devenir une monnaie d'échange pour obtenir la reconnaissance diplomatique de Moscou, d'autant plus que les pays occidentaux restent méfiants à l'égard d'un gouvernement où le HTS - compte tenu de ses liens passés avec Al-Qaida - joue un rôle de premier plan.
La poursuite des activités d'Israël constitue un autre facteur. Les récentes frappes israéliennes sur des dépôts d'armes syriens - non pas en réponse à des attaques du HTS, mais prétendument pour prévenir des menaces potentielles sur le territoire israélien - bien que compréhensibles, pourraient pousser le HTS à autoriser la Russie à maintenir ses bases en échange d'une protection contre les frappes israéliennes.
La présence de groupes terroristes dans le nord-est de la Syrie ajoute une autre dimension. Si les États-Unis renforcent leur soutien aux terroristes du PKK/YPG, le HTS pourrait considérer la présence militaire russe comme un contrepoids utile à l'influence américaine dans la région.
La Russie a offert une aide humanitaire en échange du maintien de l'accès à sa base, mais les nouvelles autorités cherchent à établir des liens diplomatiques et économiques plus complets pour mettre fin à leur isolement. A noter que, l'Ukraine, bien qu'en guerre avec la Russie, a déjà offert à la Syrie des livraisons de blé.
"Nous en sommes à la première étape des négociations. Les gens font tout leur possible pour mettre fin à l'effusion de sang ; ils aimeraient construire une nouvelle vie. Nous sommes obligés de rétablir les relations. Le pays est mort. Les gens sont très pauvres", explique un représentant du HTS à The Economist.
Pendant ce temps, certains ministres de l'UE insistent sur le fait que les Russes devraient être poussés hors de Syrie. La haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas, a déclaré que cette question serait soulevée lors des discussions avec les nouveaux dirigeants syriens. Toutefois, la réalité pourrait s'avérer plus complexe que ne le prévoient les diplomates européens.
Pour la Russie, le maintien de bases en Syrie revêt une importance stratégique.
La base de Khmeimim joue un rôle crucial dans l'appui à la présence russe en Afrique, tandis que l'installation navale de Tartous assure une présence en Méditerranée, d'autant plus importante que l'accès à la mer Noire est restreint en raison des limitations imposées par la convention de Montreux sur le passage des navires militaires.
Ainsi, malgré le sentiment anti-russe largement répandu parmi les Syriens las de la guerre, les nouvelles autorités semblent prêtes à adopter une approche pragmatique. Le HTS cherche à équilibrer les diverses influences extérieures sans s'aligner pleinement sur une seule puissance.
Dans ce jeu complexe, les bases russes pourraient s'avérer une précieuse monnaie d'échange dans les négociations sur l'avenir du pays.
Cette situation démontre une fois de plus que la politique internationale offre rarement des solutions simples. Ce qui semble simple au départ se révèle souvent être un réseau complexe d'intérêts, où le pragmatisme l'emporte souvent sur l'idéologie.
Le sort des bases russes en Syrie pourrait bien être un exemple frappant de ce principe.
L'auteur, Salman Niyazi, est journaliste et expert en relations internationales.
Clause de non-responsabilité : Les opinions exprimées par l'auteur ne reflètent pas nécessairement les opinions, les points de vue et les politiques éditoriales de TRT Afrika.
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