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Indispensable couvre-chef des Comoriens pour l'Aïd en fin de mois, le kofia fait main, qui coûte jusqu'à 400 euros, a depuis quelques années un sérieux concurrent "made in China" qui fait craindre pour ce savoir-faire multiséculai

Comores: l'emblématique kofia fragilisé par des imitations chinoises

Pour ce jour marquant la fin du ramadan, adultes comme enfants se doivent de porter une belle tenue coiffée d'un kofia, brodé notamment de fil de soie avec des inscriptions en calligraphie arabe ou des figures géométriques.

A Moroni, capitale de cet archipel de l'océan Indien, le bouillonnant marché de Volovolo est congestionné à l'approche de la fin du mois sacré.

Des dizaines de kofia contrefaits en provenance de Chine s'amoncellent sur des étals de fortune. Les puristes l'abhorrent mais il fait désormais partie du paysage: Said Mohamed, un plombier en boubou blanc s'approche et demande le prix.

"Douze euros mais c'est à débattre", répond la vendeuse d'une voix fatiguée. Le père de famille en prend deux pour ses garçons.

"Le principal attrait reste son prix. Les kofia faits mains sont plus beaux mais ils sont excessivement chers surtout pour des enfants insouciants qui n'en mesurent pas la valeur", dit-il avant de partir, son paquet sous le bras.

La vendeuse Hassanati Idjabou se défend de participer à l'extinction d'un pan du patrimoine comorien: "les kofia traditionnels ne disparaitront pas pour une raison simple: personne ne songerait à envoyer des kofia contrefaits à l'homme qui s'apprête à épouser sa fille", claironne cette femme frêle de 52 ans.

"Il y a trois ans, j'ai été arrêtée plusieurs heures par la police, mon stock de kofia confisqué quelques jours parce que les autorités prétendaient lutter contre la contrefaçon", explique cette mère de trois enfants.

C'était lors d'une opération coup-de-poing classique dans ce pays de 870.000 habitants, musulmans à une écrasante majorité.

Aujourd'hui, à quelques pas de son étal, policiers et gendarmes ne s'en soucient pas.

Savoir de femmes

Les kofia aux Comores sont uniquement portés par des hommes mais quasi exclusivement brodés par des femmes. Un travail lent et minutieux.

Les plus réputés sont confectionnés au nord de la Grande-Comore, l'île principale. A Mitsamihuli, cité balnéaire au sable fin blanc à une quarantaine de kilomètres de Moroni, les imposants badamiers, arbres emblématiques du pays, adoucissent la température en cette journée d'été austral.

A l'entrée de la médina, Chifayi Mwasi, une septuagénaire, ouvre la lourde porte sculptée de sa maison. Au milieu du salon trône une machine à coudre hors d'âge, noir et or.

"Elle a plus de 50 ans, elle est robuste", lâche-t-elle dans un éclat de rire, alors que son pied droit reposant sur un coussin appuie doucement sur la pédale. Le bruit est lent et apaisant.

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